L’ophtalmologie connait une révolution scientifique majeure, avec des innovations incroyables qui semblent tout droit sorties d’un roman de science-fiction. 

La vision est responsable de 80% de notre perception, ce qui rend l’urgence d’agir d’autant plus réelle. En effet, 1,1 milliard de personnes souffrent de troubles de la vision en 2020, et ce chiffre risque d’augmenter considérablement à 1,7 milliard d’ici à 2050 si des investissements majeurs ne sont pas mis en place.

Face à ce défi, les progrès technologiques et les techniques chirurgicales sont et seront les clés pour améliorer les soins oculaires et sauver la vue de millions de personnes.

I. Des chiffres pour comprendre.

Pour mieux comprendre l’ampleur des troubles de la vision dans le monde, voici quelques chiffres clés à prendre en compte :

  • En 2020, 1,1 milliard de personnes ont souffert de troubles de la vision. 
  • 43 millions de personnes sont aveugles, ce qui représente une prévalence brute de 0,5 %.
  • 295 millions de personnes présentent une déficience visuelle modérée à sévère, soit une prévalence brute de 3,7 %.
  • 258 millions de personnes ont une déficience visuelle légère, avec une prévalence brute de 3,3 %.
  • Enfin, 510 millions de personnes souffrent de problèmes de vision de près, soit une prévalence brute de 6,5 %.

Ces données révèlent l’importance du problème et soulignent la nécessité de trouver des solutions pour améliorer la santé oculaire à l’échelle mondiale.

II. Des innovations, pour quelles pathologies ? 


1. Les implants oculaire bioniques.

Ces implants sont spécifiquement conçus pour les patients atteints de rétinopathie pigmentaire, de la dégénérescence maculaire Liée à l’âge (DMLA) ou de Neuropathie optique héréditaire de Leber (NOHL), des pathologies qui affectent les photorécepteurs. Ils fonctionnent en convertissant les signaux visuels en impulsions électriques qui stimulent les cellules nerveuses restantes de la rétine ou du nerf optique. Bien qu’ils puissent améliorer la vision des personnes atteintes de certaines formes de cécité, ils ne restaurent pas une vision normale.

Pour être éligible à la procédure, il est important que les autres cellules de la rétine soient en bon état et que le patient n’ait pas de cécité congénitale. Pour apprendre à interpréter les signaux visuels produits par l’implant, les patients doivent suivre une formation. 

https://www.futura-sciences.com/sante/questions-reponses/medecine-7-innovations-optique-sante-yeux-1…

https://www.braille.be/fr/a-propos-de-nous/actualites/2018/09/sortir-de-la-cecite-grace-a-l-oeil-bio…

2. Les yeux bioniques.

Ces prothèses visuelles ont été développées pour remplacer entièrement un œil non fonctionnel ou endommagé. Elles offrent une solution aux personnes atteintes de malvoyance ou de perte de vision avancée, souvent due à une maladie dégénérative de la rétine comme la rétinopathie pigmentaire ou la DMLA. 

Voici l’exemple de “EC-Eye” (Electro Chemical Eye), considéré comme le premier œil bionique. 

Ce dernier imite la forme et l’apparence de l’œil humain, avec une lentille, une rétine, des capteurs et une liaison nerveuse, et mesure environ 2 cm de diamètre.

Contrairement aux prothèses visuelles existantes, l’EC-Eye n’est pas simplement un implant rétinien, mais une réplique exacte de l’œil humain, il est composé de/ d’

  • Nano-capteurs imitant les cellules photoréceptrices de la rétine, intégrés dans une membrane résistante à la corrosion en aluminium et tungstène ;
  • Une membrane maintenue en place par un support en polymère de silicone ;
  • Une lentille et d’un iris artificiel pour simuler le globe oculaire qui rempli sa cavité d’un liquide ionique ; 
  • Utilisation de nano-câbles flexibles en métal liquide pour remplacer le nerf optique qui transmettent des signaux à un système informatique.

https://www.fightingblindness.ca/fr/resources/the-bionic-eye/

https://www.adentis.fr/ec-eye-un-oeil-bionique-plus-performant-que-loeil-humain-dici-cinq-ans/

3. Les implants cérébraux.

En stimulant l’activité neurale dans le cortex visuel du cerveau, ces implants contournent l’œil et génèrent directement une image visuelle dans le cerveau. Cette technologie, qui utilise des implants cérébraux oculaires, pourrait ouvrir de nouvelles possibilités pour corriger les déficiences visuelles causées par des pathologies telles que la rétinite pigmentaire, la dégénérescence maculaire liée à l’âge et le glaucome, et améliorer la qualité de vie de nombreuses personnes. Cependant, les questions éthiques et les risques associés à ce type de technologie doivent être examinés avec attention.

4. La rétine artificielle ou rétinien.

Cette innovation stimule la rétine électriquement via une puce implantée chirurgicalement, mais seulement chez les patients ayant des problèmes de rétine et un nerf optique intact. Elle est utile pour traiter la rétinite pigmentaire, mais pas les maladies du nerf optique comme la névrite optique ou la neuropathie optique ischémique antérieure. 

Voici un exemple de dispositif : « PRIMA« , qui a été conçu pour aider les personnes atteintes de DMLA à recouvrer la vue. Ce dispositif est présenté comme une sorte de « rétine artificielle ». Il est composé d’une paire de lunettes high-tech avec caméra et mini-ordinateur, reliée à un minuscule carré de silicium de 2 mm d’épaisseur, qui est implanté sous la rétine et possède plusieurs centaines de mini-électrodes.

5. CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats).

La méthode d’édition de gènes CRISPR-Cas9 offre des perspectives prometteuses pour la correction de mutations génétiques responsables de maladies de la rétine. Des scientifiques ont utilisé CRISPR pour corriger une mutation génétique responsable de la rétinite pigmentaire chez des cellules souches dérivées d’un patient atteint de la maladie.

6. La thérapie génique.

Elle consiste à acheminer un gène thérapeutique directement dans les cellules de l’œil grâce à des vecteurs, qui peuvent être synthétiques ou viraux.

Cela permet d’assurer une expression durable et spécifique du gène dans les cellules ciblées, sans engendrer de toxicité ni de réaction immunitaire. Les thérapies géniques oculaires sont utilisées pour traiter des maladies héréditaires de la rétine telles que la rétinite pigmentaire et la choriorétinopathie pigmentaire, ainsi que des maladies non-héréditaires comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Le succès de ces traitements dépend de la qualité des vecteurs utilisés pour acheminer les gènes dans les cellules cibles.
Luxturna est un exemple de thérapie génique oculaire utilisée pour traiter l’amaurose congénitale de Leber, une maladie héréditaire rare de la rétine qui peut entraîner une perte de vision totale. Dans le cas de Luxturna, grâce à des vecteurs viraux, une copie fonctionnelle du gène responsable de la production d’une enzyme nécessaire à la vision est acheminée directement dans les cellules de l’œil, permettant ainsi de restaurer partiellement la vision chez les patients atteints de cette maladie.

7. IDX-DR.

L’IDx-DR est un exemple innovant de la façon dont l’intelligence artificielle peut être utilisée pour diagnostiquer rapidement et avec précision la rétinopathie diabétique, une maladie oculaire qui affecte les vaisseaux de la rétine en raison d’un taux de sucre sanguin anormal chez les personnes atteintes de diabète. En prenant des photos de la rétine et en les analysant à l’aide d’un algorithme, cet appareil peut détecter les signes précoces de la maladie et fournir un diagnostic en moins d’une minute, ce qui en fait un outil fiable, rapide et facile à utiliser. De plus, à l’avenir, l’IDx-DR pourrait aider à diagnostiquer d’autres maladies de la rétine.

8. Les lentilles de contacts bioniques.

La vue est souvent considérée comme acquise, mais pour plus de 285 millions de personnes dans le monde, cela est loin d’être le cas. Les cataractes et autres troubles de la vision sont des problèmes de santé majeurs, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Cependant, l’entreprise Ocumetics a développé une lentille bionique et dynamique qui peut remplacer le cristallin naturel de l’œil, offrant une vision trois fois supérieure. Cette lentille est placée dans l’œil à l’aide d’une seringue remplie de solution saline et se déploie en moins de 10 secondes. Selon le Dr Garth Webb, l’optométriste qui a inventé la lentille, la procédure est similaire à la chirurgie de la cataracte et ne prendrait que huit minutes au total. Les personnes qui bénéficient de cette technologie n’auront jamais de cataracte et ne souffriront pas de maux de tête ou de fatigue oculaire. Cela pourrait offrir de l’espoir pour les personnes souffrant de problèmes de vision et améliorer leur qualité de vie.

https://trustmyscience.com/des-lentilles-bioniques-pour-voir-3-fois-mieux/

III. Les objets connectés en ophtalmologie.

https://www.ophtalmo-strasbourg.com/comprendre-vision-ophtalmologie.html

IV. L’avenir.

Avec les avancées technologiques en matière de santé, l’ophtalmologie est un domaine en constante évolution. Des innovations telles que Peek Retina, un ophtalmoscope portable, et EyeNetra, qui aide à corriger les erreurs de réfraction, donnent de l’espoir pour l’amélioration des soins oculaires.

Capucine Mallevre, 22 mars, 2023