Chaque année, le 21 septembre, le monde se mobilise pour la Journée Mondiale de la Maladie d’Alzheimer. Cette date revêt une importance particulière, nous rappelant l’urgence de mieux comprendre et de lutter contre cette maladie neurodégénérative affectant profondément la vie de millions de personnes dans le monde et de leurs proches.
Qu’est-ce que la maladie d’alzheimer ?
Identifiée en 1906 par le psychiatre et neuropathologiste allemand Aloïs Alzheimer, cette affection neurodégénérative est caractérisée par une progressive dégénérescence neuronale au niveau des zones cérébrales responsables des capacités cognitives essentielles telles que la mémoire, le langage, le raisonnement et l’attention. La dégradation cellulaire entraine une altération graduelle des capacités neuronales jusqu’à la mort des cellules elles-mêmes, se manifestant par des symptômes tels que des pertes mnésiques, des altérations comportementales et autres déficiences cognitives.
Les causes.
- Les lésions responsables de la maladie.
À ce jour, la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer demeure partiellement élusive, suscitant des interrogations persistantes. Il est toutefois bien établi que, bien avant l’éclosion des premiers symptômes cliniques, des altérations notables affectent les cellules neuronales, se manifestant sous deux principales manifestations distinctes :
La formation de plaques amyloïdes :
Mises en évidence en 1984 par le pathologiste américain George Glenner, les plaques amyloïdes, également connues sous le nom de « plaques séniles », sont des agrégats anormaux de protéines dans le cerveau, principalement composées de peptides bêta-amyloïdes (« β-amyloïde »). Ces agrégats peuvent interférer avec la communication entre les cellules nerveuses, endommager les neurones et contribuer au déclin cognitif observé chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles apparentés. Ces altérations résultent de l’accumulation anormale de protéines, un processus intrinsèque au vieillissement normal. Toutefois, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, ces protéines s’amassent en quantités considérables.
La dégénérescence neurofibrillaire :
Emane de l’accumulation inopportune de filaments à l’intérieur des neurones, provoquée par la protéine Tau. Ce processus identifié comme un des facteurs en 1985 par le belge Jean-Pierre Brion, entraîne progressivement la désorganisation des cellules et leur mort. Les neurones décèdent principalement dans l’hippocampe, une région cruciale pour la mémoire, et dans le cortex associatif, responsable de la coordination des différentes fonctions, induisant ainsi l’atrophie de certaines régions cérébrales.
L’accumulation excessive de fer dans le cerveau :
Provoque la destruction des microglies, des cellules immunitaires cérébrales essentielles. La dégénérescence des microglies résultant de cette accumulation de fer a des implications négatives pour la santé cérébrale et est considérée comme une nouvelle piste dans la compréhension de la maladie.
https://trustmyscience.com/nouvelle-cause-alzheimer-dans-matiere-blanche/
- La génétique :
Les formes héréditaires de la maladie d’Alzheimer, bien qu’elles ne représentent qu’une petite fraction des cas (moins de 1%), se démarquent par leur apparition précoce des symptômes, généralement vers l’âge de 50 ans, et leur mode de transmission autosomique dominant, signifiant qu’un parent atteint a 50% de chances de transmettre la maladie à sa descendance.
En contraste, les formes sporadiques et non familiales, qui représentent la grande majorité des cas (plus de 99%), se manifestent généralement après l’âge de 65 ans. Bien qu’elles ne soient pas directement héritées, ces formes semblent avoir une composante génétique, avec le gène « ApoE4 » comme facteur de risque majeur. Cependant, la simple présence de « l’ApoE4 » ne suffit ni ne garantit le développement de la maladie, ce qui suggère l’influence d’autres facteurs.
https://alzheimer-recherche.org/la-maladie-alzheimer/quest-maladie-dalzheimer/facteurs-de-risques/
- Les facteurs de risques :
- L’âge est le principal facteur de risque avéré, avec une prévalence qui double tous les 5 ans à partir de 65 ans.
- Les femmes sont également plus exposées que les hommes, en partie en raison de leur espérance de vie plus longue, bien que des facteurs génétiques spécifiques restent à explorer.
- Le faible niveau d’instruction.
- Les problèmes cardiovasculaires (comme l’hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, l’hypercholestérolémie, le diabète, le surpoids et l’obésité).
- Les facteurs environnementaux (tels que le tabagisme, la consommation d’alcool, l’exposition à la pollution et certains médicaments).
- Les troubles du sommeil.
L’évolution.
- Stade préclinique : Aucun symptôme apparent, mais des changements cérébraux débutent.
- Début léger (stade précoce) : Symptômes légers tels que des problèmes de mémoire.
- Début modéré (stade intermédiaire) : Symptômes plus marqués, perturbations dans la vie quotidienne.
- Début sévère (stade avancé) : Perte de mémoire importante, troubles comportementaux.
- Stade terminal : Incapacité à prendre soin de soi, perte de communication.
La progression varie selon les individus et peut être influencée par divers facteurs. Des soins adaptés sont essentiels à chaque étape de la maladie.
Quelques chiffres.
L’alzheimer est un problème de santé majeur en France, comme en témoignent les chiffres suivants :
- En 2019, environ 1 million de personnes en France étaient atteintes de la maladie.
- Chaque année, environ 250 000 nouveaux cas d’Alzheimer sont diagnostiqués en France, soulignant la prévalence croissante de cette maladie dévastatrice.
- Si aucune avancée significative n’est réalisée dans le traitement de la maladie, il est estimé qu’en 2050, près de 1,8 million de personnes en France pourraient être touchées par cette maladie, ce qui souligne l’urgence de la recherche et du développement de traitements efficaces.
En Europe :
Selon les données d’Alzheimer Europe, la démence affecte actuellement 9,7 millions d’individus en Europe. Parmi ces cas, la maladie d’Alzheimer représente environ 70 %, soit 6,8 millions de personnes. Il est à noter que les femmes constituent 2 malades sur 3. De plus, il est prévu que le nombre de personnes atteintes de cette maladie double d’ici à 2050.
Dans le monde :
Actuellement, le fardeau de la démence pèse sur plus de 55 millions d’individus à l’échelle mondiale, dont une majorité, soit plus de 60 %, réside dans des nations caractérisées par un revenu économique modeste ou intermédiaire. Chaque année, près de 10 millions de nouveaux cas de cette affliction sont documentés.
Parmi ces chiffres alarmants, l’Alzheimer touche plus de 35,6 millions de personnes, avec un ajout annuel de 7,7 millions de nouveaux cas. Selon les projections de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il est prévu que le nombre de patients atteints de cette pathologie presque double tous les 20 ans.
Tous concernés.
Il est universellement reconnu que la maladie est fréquemment associée à une tranche d’âge dépassant les 65 ans et près de 15% des plus de 80 ans. Toutefois, il revêt une importance capitale de saisir que cette pathologie ne se limite pas exclusivement à cette catégorie de la population, bien que les occurrences soient moins fréquentes.
En France, il est actuellement estimé que 30 000 individus de moins de 60 ans sont atteints, démontrant ainsi que cette maladie ne fait pas de distinction d’âge.
Bien que rare, des cas de cette maladie à début très précoce ont été observés chez des patients âgés de moins de 30 ans. Ces cas sont souvent liés à des mutations génétiques connues. Le patient le plus jeune à avoir été diagnostiqué n’avait que 19 ans au moment de son diagnostic, et malgré son jeune âge, il présentait des symptômes caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, tels qu’une perte progressive de la mémoire et une atrophie de l’hippocampe, une région cérébrale cruciale pour la mémoire.
Jusqu’à présent, le cas le plus précoce enregistré d’une personne atteinte était un homme chez qui les premiers symptômes ont commencé à se manifester dès l’âge de 21 ans, avec des signes préliminaires de difficultés d’apprentissage qui avaient été détectés par ses parents.
La recherche.
La Fondation Vaincre Alzheimer présente son premier rapport sur la recherche médicale consacrée à la maladie d’Alzheimer :
En 2023, plus de 140 candidats-médicaments sont en développement, avec une attention particulière portée aux traitements « disease-modifiers » prometteurs, ainsi que la recherche de biomarqueurs pour un diagnostic précoce.
Bien que la recherche française soit dynamique, elle doit surmonter des obstacles tels que le financement et les contraintes administratives. À ce jour, aucun traitement curatif n’est disponible, incitant à persévérer dans les investissements en recherche et à encourager la collaboration internationale.
Les innovations.
L’IA :
À l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière à Paris, l’équipe Aramis combine mathématiques, statistiques et informatique pour analyser des données médicales, ouvrant la voie à une détection précoce de la maladie d’Alzheimer. La chercheuse CNRS, Ninon Burgos, explique comment l’intelligence artificielle (IA) s’associe à l’imagerie TEP pour anticiper la maladie en repérant des anomalies cérébrales. L’IA utilise une grande quantité d’images de cerveaux sains pour développer un algorithme capable de détecter ces anomalies. Cette technologie prometteuse pourrait également être utile pour diagnostiquer d’autres affections cérébrales.
Le chatbot Alix :
En France, actuellement, de 8 à 11 millions de proches aidants non professionnels apportent leur soutien à des individus âgés, en situation de handicap, ou atteints de maladies chroniques. Parmi eux, 61% sont des personnes en activité, représentant ainsi 15% de la population active. Il est anticipé qu’en 2030, un travailleur sur quatre assumera également le rôle de proche aidant.
Alix, un chatbot développé par IA Medical, a pour objectif d’améliorer l’accompagnement des aidants des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. À travers une approche participative, ce projet a permis d’acquérir une meilleure compréhension des défis auxquels sont confrontés les aidants ainsi que les professionnels du travail social.
Les missions d’Alix comprennent l’établissement d’une base de données centralisée pour les ressources destinées aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, le développement d’un outil d’orientation pour les aidants, ainsi que l’évaluation de l’impact de la charge qui repose sur ces individus dévoués.