Chaque année, le mois d’octobre revêt une teinte particulière, celle du rose. Ce mois vise à informer, éduquer et mobiliser la société sur les enjeux liés au cancer du sein qui touche des millions de femmes et hommes à travers le monde.
La genèse d’Octobre Rose.
L’histoire d’Octobre Rose remonte à 1985, au Texas, avec l’inauguration de la toute première « Race for the Cure ». Cet événement a été orchestré par la Fondation « Susan G. Komen », fondée en 1982 par Nancy Brinker en hommage à sa sœur, Susan Goodman Komen, tragiquement emportée par le cancer du sein en 1980 à l’âge de 36 ans.
En 1991, Alexandra Penney, alors rédactrice en chef de Self Magazine, et Evelyn Lauder, vice-présidente de la société Estée Lauder, ont eu une idée lumineuse : utiliser le célèbre ruban rose comme symbole de sensibilisation au cancer du sein. Ce simple geste allait rapidement se transformer en un emblème puissant pour la campagne Octobre Rose, devenant ainsi un signe visuel de solidarité et de soutien envers toutes les personnes touchées par cette maladie.
L’année suivante, en octobre 1992, marqua le lancement de la toute première campagne Octobre Rose officielle. Cette initiative fut accueillie avec enthousiasme et a rassemblé des personnes du monde entier. Des activités de sensibilisation, des collectes de fonds, et des événements communautaires ont été organisés dans de nombreux pays.
Depuis lors, cet événement est devenu un mouvement d’envergure internationale, unifiant des individus, des entreprises et des gouvernements dans une lutte commune contre le cancer du sein.
Des chiffres alarmants.
En 2023, la France métropolitaine a dû faire face à une réalité préoccupante : un total de 61 214 nouveaux cas de cancer du sein a été enregistré, avec un âge médian au moment du diagnostic établi à 64 ans.
Cette donnée alarmante s’inscrit dans une tendance significative qui se dessine au fil des années.
Entre 1990 et 2018 :
- Le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez les femmes a pratiquement doublé, passant de 29 970 à 58 400 cas annuels, soit une augmentation moyenne de 1,1% par an.
Entre 2010 et 2023 :
- La progression semble avoir ralenti, avec une estimation de +0,3% par an.
En matière de mortalité, les chiffres restent inquiétants :
- En 2018, le nombre de décès attribués au cancer du sein s’élevait à 12 146, indiquant certes une baisse de 1,6 % par an entre 2010 et 2018, mais avec un âge médian au moment du décès atteignant 74 ans.
- En 2017, la prévalence de cette maladie était estimée à toucher pas moins de 913 089 personnes.
La question de la survie est également cruciale :
- En 2018, la survie nette standardisée sur l’âge à 5 ans restait maintenue à 87 %, conservant ainsi une stabilité préoccupante. À 10 ans, la survie nette s’établissait à 76 %.
Les hommes ne sont pas à l’abri.
Bien que nettement moins fréquent chez les hommes que chez les femmes, le cancer du sein masculin représente une réalité médicale. En effet, moins de 1% des cas de cancer du sein diagnostiqués sont des cas masculins.
Chaque année en France, environ 500 hommes reçoivent ce diagnostic, principalement après l’âge de 60 ans. Il est important de reconnaître que les cellules cancéreuses peuvent se développer dans les tissus mammaires masculins, et par conséquent, il est essentiel que les hommes soient conscients de cette éventualité.
Tout comme chez les femmes, la prévention, la détection précoce et la sensibilisation jouent un rôle crucial dans la lutte contre cette maladie. Par conséquent, il est primordial que les hommes accordent une attention à leur santé mammaire et qu’ils consultent un professionnel de santé en cas de doute.
Une jeune population de plus en plus touchée.
L’accroissement de l’incidence du cancer du sein parmi les femmes jeunes représente un phénomène notable, bien qu’il ne soit pas spécifique à cette tranche d’âge.
Florence Coussy résume cette tendance en affirmant que « la prévalence du cancer du sein chez les jeunes femmes augmente, mais cela ne se limite pas à cette population particulière. C’est une augmentation observée dans l’ensemble de la population. »
Les statistiques révèlent que :
- Moins de 5% des cas de cancer du sein surviennent chez des femmes de moins de 40 ans.
- Bien que cette proportion semble modeste à première vue, elle se traduit néanmoins par plus de 3000 nouvelles jeunes femmes touchées chaque année dans notre pays.
Plusieurs facteurs de risque contribuent à cette tendance inquiétante :
- Le cancer du sein demeure principalement une maladie qui touche les femmes, bien que les hommes puissent également en être atteints.
- L’âge joue un rôle crucial, car l’âge moyen au moment du diagnostic demeure de 63 ans, avec près de 80% des cas de cancer du sein qui se développent après l’âge de 50 ans.
Les antécédents familiaux de cancer du sein prennent une importance prépondérante, de même que les altérations génétiques, ces prédispositions aux cancers qui sont plus fréquemment observées au sein de cette cohorte.
En effet, elles sont associées à :
- 10% des cas de cancer du sein chez les femmes jeunes, en comparaison à une incidence de 5% au sein de la population générale.
Deux piliers de la prévention : la mammographie et l’auto-palpation.
- Mammographie : Un examen essentiel.
Il est fortement recommandé d’envisager une mammographie pour les individus âgés de 50 à 74 ans qui présentent un risque de cancer du sein peu élevé. Cet examen est réalisé dans un centre de radiologie agréé de votre choix et implique l’acquisition d’une série d’images des seins à l’aide de rayons X à faible dose.
Il est impératif de souligner que la mammographie de dépistage doit être effectuée tous les deux ans. Cette périodicité met en évidence l’importance de planifier régulièrement cet examen afin de maintenir une surveillance constante de la santé mammaire, ce qui accroît les chances de détection précoce en cas de problème nécessitant une intervention.
L’examen est entièrement pris en charge en France, sans nécessité de paiement préalable de votre part. Cette absence de frais initiaux contribue ainsi à la préservation de la santé des individus en facilitant la détection précoce du cancer du sein.
- L’auto-palpation mammaire : un geste à adopter.
L’auto-palpation mammaire est une pratique recommandée pour les hommes et les femmes, favorisant la sensibilisation à l’égard de leur santé mammaire et la détection précoce de potentiels symptômes du cancer du sein. Bien qu’elle ne puisse pas se substituer à la mammographie ou à l’examen clinique, elle contribue à une vigilance accrue envers la santé mammaire.
Les démarches de l’auto-palpation sont les suivantes :
- Utilisez les trois doigts de votre main gauche pour palper délicatement votre sein droit, en débutant par la partie extérieure et en effectuant de petits cercles avec les bouts de vos doigts jusqu’à l’intérieur du sein.
- Assurez-vous également de vérifier sous votre bras à la recherche de toute grosseur ou de zone dure anormale sous la peau.
- Répétez ces gestes pour le sein gauche, en utilisant cette fois-ci votre main droite.
Les innovations dans la lutte contre le cancer du sein.
Les progrès médicaux révolutionnent la détection, le traitement et le suivi du cancer du sein, offrant de l’espoir aux patients.
Voici un aperçu de ces innovations :
- Surveillance à domicile avec DotPlot :
Classé parmi les 20 meilleures inventions internationales des James Dyson Awards, DotPlot révolutionne l’autosurveillance de la santé mammaire. Conçu pour permettre aux femmes de contrôler elles-mêmes et de signaler toute anomalie des tissus mammaires, cet outil fonctionne grâce à une application. Les femmes saisissent les détails de leur cycle menstruel, établissent une fiche personnalisée avec la taille de soutien-gorge et la forme de leurs seins. L’application guide ensuite les femmes tout au long de l’autocontrôle en leur indiquant les zones à scanner. Le Dotplot compare les résultats chaque mois et peut mettre en évidence toute anomalie détectée entre deux contrôles, ce qui facilite la détection précoce.
- Soutien-gorge innovant pour la détection précoce :
Julián Ríos Cantú, fondateur d’Eva Tech, a créé un soutien-gorge révolutionnaire équipé de 200 capteurs thermiques reliés à un algorithme basé sur l’intelligence artificielle. Ce soutien-gorge permet de détecter les changements de température de la peau et de la circulation sanguine dans le tissu mammaire, des signes qui ne sont pas visibles à l’œil nu ni palpables. L’invention vise à rendre le dépistage plus facile et accessible, en particulier dans les régions où l’accès aux soins est difficile et coûteux.
- Méthode novatrice à la Clinique de Flandre :
Méthode de repérage préopératoire révolutionnaire pour le traitement du cancer du sein. Cette approche innovante consiste à implanter un petit clip métallique dans la tumeur, détectable par une sonde ferromagnétique, permettant ainsi une chirurgie précise. Elle offre un confort accru aux patientes, une meilleure organisation pour les professionnels de santé et une amélioration significative de la qualité des soins. Le clip peut être implanté plusieurs jours, semaines, voire mois avant la chirurgie, sans gêne pour la patiente, simplifiant ainsi la procédure de repérage préopératoire.
- Nanotechnologie ciblée :
Une thérapie révolutionnaire contre le cancer du sein, appelée Nanocargo, a été développée en Pologne. Cette technologie utilise la nanotechnologie pour détruire les tumeurs à l’intérieur du corps, évitant ainsi des interventions chirurgicales douloureuses. Nanocargo a remporté le prestigieux prix Radar de l’Innovation de l’Union européenne. Cette méthode implique l’injection de nanoparticules dans la tumeur, qui sont chauffées par un laser et un champ magnétique, éliminant ainsi les cellules cancéreuses et libérant des médicaments. L’approche cible uniquement la tumeur, préservant les autres parties du corps. Des essais cliniques sont en cours pour déterminer la dose optimale de Nanocargo pour différents types de tumeurs.
Ces avancées montrent l’engagement continu envers l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de cancer du sein et l’augmentation de leurs chances de guérison.
Les événements prévus.
1. Lancement de la campagne Octobre Rose le 1er octobre 2023 :
À l’occasion de son 20e anniversaire, l’association Ruban Rose a inauguré sa campagne de sensibilisation Octobre Rose avec un événement sur les Champs Élysées le dimanche 1er octobre 2023.
Cette journée d’exception a réuni des personnalités de renom, aux côtés de 99 femmes et 1 homme ayant survécu au cancer du sein. À leurs côtés, 100 blouses blanches, comprenant des chercheurs, des médecins et des soignants, ainsi que les marraines de l’association, se sont mobilisés pour cette noble cause.
2. Formation « Je prends mon dépistage en main » :
L’association belle & bien, en collaboration avec Teach on Earth, propose une formation digitale accessible à tous via les appareils mobiles. Cette formation vise à démystifier le dépistage de cinq types de cancers, dont le cancer du sein. Elle offre une panoplie de ressources documentaires, de tests et de questionnaires personnalisés pour aider chacun à mieux appréhender sa situation personnelle et à recevoir des conseils adaptés.
3. Événements culturels et sportifs :
En ce mois d’Octobre Rose, la France se mobilise avec une série d’événements sportifs, culturels et préventifs dédiés à la lutte contre le cancer du sein. Dans la région d’Île-de-France, voici une liste de quelques-uns des événements prévus :
- À la galerie Thuillier, dans le 3e arrondissement de Paris, une exposition gratuite intitulée « Résonances » invite les visiteurs à explorer la relation entre les tableaux de l’artiste Le Bé et le vécu des patients atteints de cancer du sein.
- L’Institut Curie lance un défi créatif en invitant les Français à concevoir leur propre pochette, devenue symbole de la lutte contre le cancer du sein.
- Le « Camion Mammo solidaire » reprend du service en proposant des dépistages gratuits de mélanomes mammaires dans plusieurs villes d’Île-de-France, en particulier auprès de publics moins sensibilisés à la prévention.
- Un mammobus parcourra également plusieurs villes, notamment en grande couronne parisienne, pour offrir des dépistages.
- Pour les amateurs de course à pied, l’Octobre Rose présente deux événements majeurs : la course Odyssea Paris, le 1er octobre 2023, au Château de Vincennes, dont les profits iront à l’Institut Gustave-Roussy, suivi des « Foulées Châtillonnaises » le 15 octobre, au Stade de Châtillon (Hauts-de-Seine), proposant trois distances (5 km, 10 km et 1,5 km pour les familles) où chaque kilomètre parcouru équivaut à 1€ reversé à l’Institut Curie.
4. Partenariats et produits solidaires :
Plusieurs marques de renom s’engagent avec ferveur dans la campagne Octobre Rose en proposant des produits et des collaborations solidaires. Une partie des bénéfices de ces initiatives est reversée à l’association Ruban Rose ou à la lutte contre le cancer du sein.